Ils étaient victorieux, mais on a senti très peu de joie émaner du grand sylvari. A la place, de l'amertume, les visages des prisonniers égorgés avant l'arrivée des attaquants, ceux des trois protecteurs et du charr abattu, puis le visage grave de Neithan, le sourire fou d'Aësyl, et, plus étonnamment, le visage de Merric, accompagné d'une grande interrogation et un grand vide. De la colère, aussi, et l'envie de tuer Orvain ici et maintenant, plus que présente. Mais en bon Veilleur, Cappaeriel obéit aux ordres, Cappaeriel ne trouve pas les idées des autres imprudentes, nooooon, non, il n'a jamais d'idées lui-même, et il est toujours imprudent.
Bref, le combat, ça secoue. Il a passé plusieurs heures agenouillé près de la tombe de Merric -d'abord pour lui rendre hommage, et par lui rendre hommage aux morts de la veille, enterrés ou incinérés à Cathal, loin au Nord... et ensuite, parce que, la tête un peu vide, il ne savait plus où aller. Un carnet dans les mains, ce même carnet qui lui servait du temps de son mutisme complet, il s'est mis à écrire sans trop de but.
Ailleurs, voici ce à quoi le Bosquet s'est éveillé, ou a appris dans la journée :
C'est un évènement des plus surprenants qui aura marqué ce début de matinée au Bosquet, avant et juste après le lever du jour : d'abord, ce sont les troupes assemblées à l'entrée de la ville qui auront surpris les habitants attendant l'aube : un groupe hétéroclite de sylvaris, mais aussi de Veilleurs en uniforme, charrs, norns, humains, asuras, et même un golem, armés jusqu'aux dents et visiblement sur le point de partir en chasse... les témoins les auront vu partir s'enfoncer dans Caledon, pour être rejoints à la plage de Criquesable par un groupe de Protecteurs.
Le groupe de Veilleurs, Protecteurs et associés aurait ensuite procédé à un assaut méthodique sur le Cercle de Cigüe, une Enclave bien connue du Cauchemar, et ce sont des cris de victoire que les habitants de la toute proche ville de Cathal ont pu entendre... avant d'avoir à accueillir les blessés et les morts de leurs alliés, nouvelle bien moins agréable.
Le Cercle de Cigüe tel qu'il était dirigé, depuis la mort du Chevalier des Braises, par le tristement célèbre Chevalier d'Asphyxie, Orvain, a été rayé de la carte. L'expérience le montre, et d'autant plus en ce lieu : toujours, la mauvaise herbe repousse. Mais les alliés des Protecteurs ont triomphé, bien que seule une prisonnière, en état critique, ait survécu aux horreurs du Cercle pour être elle aussi rapatriée à Cathal, les autres prisonniers ayant visiblement été exécutés juste avant l'assaut.
On a vu revenir au Bosquet une troupe moindre : une poignée de Protecteurs, accompagnés de sylvaris dont les noms commencent à être connus des curieux : Astval, l'assassin, accompagné de son corbeau, Caelan, le chevalier blanc, Cypries, Veilleur, et apparemment le cerveau derrière la manoeuvre, ainsi que son frère Cappaeriel, également Veilleur, un grand sylvari à la langue tranchée, sur les épaules duquel, bien saucissonné, le Chevalier d'Asphyxie reposait. Celui-ci aurait depuis été jeté en prison, de la manière la plus littérale possible, les gardes en faction aux jardins de Belladone évoquant en effet "un joli vol plané".
Les blessés et le reste des forces d'assaut semblent être restés à la ville de Cathal, le temps de reprendre leurs forces. Leurs efforts sont remerciés par toute la communauté des rêveurs.
Au Cercle de Cigüe, le silence règne alors que les Protecteurs achèvent de débarasser le lieu de ses horreurs -mais elles reviendront, elles reviennent toujours.
La rumeur veut aussi que l'écuyer du Chevalier d'Asphyxie, Xjall, un envoûteur de talent, ait réussi à s'enfuir.
Quelque chose me dit que nos tavernes ne désempliront pas, aujourd'hui.
-Paru dans la Feuille de Chou, le premier, l'unique, et, on l'espère, le dernier des quotidiens sylvaris.